Henri Callot

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Informations :

  • Né le 20-12-1875 à La Rochelle
  • Décédé le 22-12-1956 à Paris
  • Discipline : Escrime

Biographie :

L’escrime est un art, et Henri Callot un artiste. Du fleuret au pinceau, ce Rochelais de source ne cessa de peindre la toile de sa vie. Repartons d’une toile blanche.

La Rochelle dans le cœur

Le 20 décembre 1875, Henri Callot voit le jour à La Rochelle. On peut imaginer que cette naissance ne passa pas inaperçue dans la cité rochelaise, puisqu’il compte parmi ses aïeux deux anciens maires de la ville. Marquons cependant un petit écart dans notre récit pour parler de son père, Ernest Callot.

Si je vous dis Pierre de Coubertin, je ne doute pas que vous sachiez de qui il s’agit. Eh bien, Ernest Callot eut, lui aussi, un rôle essentiel dans la renaissance de l’olympisme. Il fut membre du CIO de 1894 à 1912 (année de son décès) et son trésorier jusqu’en 1909. C’est sans doute avec beaucoup de fierté qu’il vit briller son fils durant les Jeux Olympiques d’Athènes en 1896.

Direction Athènes

À la fin du XIXᵉ siècle, il ne suffit pas de se rendre sur Internet pour réserver un billet d’avion pour Athènes. De même, Instagram et les réseaux sociaux sont une lointaine invention, et les témoignages sont plutôt rares pour imaginer le voyage pour se rendre en Grèce. Heureusement pour nous, un historien du nom de Gustave Larroumet eut la bonne idée d’écrire un livre sur son voyage : Vers Athènes et Jérusalem : journal de voyage en Grèce et en Syrie, et qu’il est consultable sur le site Gallica. Et le plus chanceux pour nous, c’est qu’il partagea une partie du voyage avec des sportifs se rendant à Athènes pour participer aux Jeux Olympiques.

Ce bout de voyage, c’est un trajet entre Marseille et Athènes à bord du paquebot Le Sénégal. Pour revenir à nos sportifs, voici ce qu’il en dit :

« Enfin, un groupe d’athlètes, bicyclistes, coureurs, foot-ballistes et escrimeurs, qui vont concourir aux Jeux Olympiques. Ils n’ont pas encore revêtu le costume professionnel, mais ils sont reconnaissables, outre leur prestance, à quelques détails particuliers de coiffure ou de chaussures. Pour s’entretenir ou montrer leurs talents, ils grimpent dans la mâture et font des rétablissements sur les rambardes. »

Le paquebot le Sénégal dans le port de Marseille

Le Sénégal dans le port de Marseille – Collection Philippe Ramona

Et au milieu de ceux-là se trouve notre protagoniste, Henri Callot, qui fit lui aussi parler de lui pendant la traversée avec ses talents de peintre. Toujours dans le livre de Gustave Larroumet, on tombe sur ce passage :

«Un jeune peintre, M. Henri Callot, peint à l’aquarelle un programme, où le sentiment de l’art et la blague parisienne forment le plus amusant mélange. En haut, robuste et fine, une des cariatides de l’Erechthéion; au-dessous,, un dôme de parapluies, en souvenir des averses reçues, au milieu, un flirt; en bas, une chéchia rouge, que l’on voyait partout, gaie, bavarde, cordiale et polyglotte; sous la chéchia, deux pieds énormes, largement chaussé de jaune, pieds anglais, qui se posaient tranquillement, à la hauteur de l’œil, sur les bastingages; enfin, comme pendant à la cariatide, un amateur de photographie, harnaché de trois appareils, résigné et convaincu sous la charge.»

programme généré via Chatgpt

Le programme décrit ci-dessus généré via ChatGPT

«Il y a tant d’esprit dans ce programme qu’il soulève un incident. Quelqu’un se fâche et exige que son image soit enlevée. Le commandant, qui représente l’autorité, est dans un grand embarras. Mais il y a, paraît-il, à bord, un passager qui a pratiqué la censure et le cas lui est soumis. Ordonné par Anastasie que la tête trop ressemblante sera remplacée par celle de l’Hermès de Praxitèle. La décision est approuvé de tous, même du réclamant, qui finit par rire».

La traversée suit ensuite son cours jusqu’en Grèce pour permettre à nos athlètes de participer à la grande fête olympique.

L’argent comme récompense

Nous sommes le 7 avril 1896. Henri se rend, avec Eugène-Henri Gravelotte et Henri Delaborde, ses deux compères de l’équipe de France, au Zappéion, l’arène dans laquelle se déroulent les épreuves d’escrime durant ces Jeux Olympiques.

À l’image d’Eugène-Henri Gravelotte, Henri Caillot réalise une phase de poules magistrale en remportant ses trois combats. C’est donc logiquement que ces deux sportifs se retrouvent en finale. Au terme d’un duel serré, Henri est défait par son compatriote sur un score de trois touches à deux.

Auréolé d’une magnifique médaille d’argent, il rentre en France et retourne à sa passion…

Du fleuret au pinceau

Comme évoqué plus haut, Henri Callot est un artiste qui n’a pas peur de se confronter à une toile blanche.
Au même titre que l’escrime, la peinture demande du travail, du talent, mais aussi de bons coachs pour progresser. À ce petit jeu-là, il est plutôt bien loti : il est l’élève de deux peintres de renom, Jules Lefebvre et Robert Fleury.

Le fruit de cet entraînement lui ouvre, dès 1898, les portes du Salon des artistes français — une exposition d’art qui se tient chaque année à Paris. À force de travail, il y obtient une médaille d’or en 1920, qui viendra peut-être compenser la déception de cette finale perdue en 1896.

Cet amoureux de la Bretagne est connu pour ses œuvres représentant des ports, des bateaux et des paysages bretons. Cet amour de la mer lui ouvra aussi d’autres portes…

Un artiste dans la marine

En 1921, il obtient le titre de Peintre officiel de la Marine. C’est un titre honorifique décerné par le ministère des Armées en France. Il ne s’agit pas d’un grade militaire, mais d’un statut particulier conférant un lien officiel avec la Marine nationale.

Par son œuvre, Henri Caillot témoigne de la vie maritime et navale. Ce statut lui permet non seulement d’accéder à des missions en mer, mais aussi d’apposer une ancre marine à côté de sa signature.

Enfin, au même titre que de nombreux athlètes de cette époque, il est titulaire de la Croix de guerre 1914-1918, ainsi que de la Légion d’honneur.

La peinture de sa vie prend fin le 22 décembre 1956, à Paris.

Palmarès :

1896 - Athènes

Escrime

  • argent Fleuret individuel - 07-04-1896